05 février 2014

Jean-Marie CORBE, portrait


Le Révérend Père Jean-Marie CORBE  


   Jean-Marie CORBE est né en 1908 à Sens-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). Professeur de sciences, il est capturé le 21 juin 1940 à St Dié (Vosges). Immatriculé au Stalag X B sous le numéro 62183 il rejoint le B.A.B. 27 en août 1941. Son Bataillon - dont il est l'aumônier - arrive en février 1942 au camp 17/18 de Brüx.

   Ses démêlés avec les Allemands, ses conférences variées, ses extraordinaires "bouthéons", son activité débordante, son érudition exceptionnelle, en un mot sa personnalité originale et marquante, le rendirent célèbre au sein du kommando 459.

   Il est reparti durant l'été 43, avec son bataillon pour Friedrichshafen (Wehrkreis V).

   Il gardera des attaches très fortes avec le Stalag IV C puisqu'après la guerre il publiera de nombreux articles dans le journal de l'Amicale "Échos du IV C".

   

J.M. CORBE, fléché, avec l'équipe de foot du B.A.B.27

   Paul PATTIER, du kommando 459, qui l'a côtoyé au camp 17/18 écrira à son sujet :

   "Il y avait le R.P. Corbe, dont l'impressionnante auréole d'omniscience s'adoucissait d'inénarrable popularité, 
Et qui était le grand diseur des bobards de qualité, 
Qui nous parlait tour à tour de l'évolution, du principe de causalité ou de Charles Trénet, 
Et dont l'allant, le dynamisme et la sportivité, irrésistiblement vous entraînaient."

   Charles PATOZ, quant à lui, a réalisé un portrait de notre P.G. :



   "J. CORBE ? Un cas curieux de dédoublement de la personnalité. Le révérend est en effet un savant qui pourrait, avec quelque chance de succès semble-t-il, se poser en concurrent sérieux du Prix Courteline.

   Du prêtre, il a gardé l'érudition et l'esprit de dévouement. Du professeur, il a conservé l'art de rendre intelligible les phénomènes. De l'humoriste, il possède l'art de conter la gaudriole, et surtout celui d'exploiter la blague à froid.

   S'il commence un point d'exégèse, son visage prend la gravité du prédicateur mais cette impression demeure fugitive, car bientôt, sous les cheveux qui déjà, blanchissent, le masque resté jeune, s'éclaire de malice. Et Jean Corbe, sous le sceau du secret, en raconte une bien bonne qui, naturellement fait aussitôt le tour du Kommando.
J.M. CORBE vu par Paul-Robert BON



   Parmi nous, s'il en est d'aucuns ayant le désir d'être documentés sur la situation internationale, qu'ils s'en réfèrent aux rumeurs du camp. 
   Nombreux sont les augures qui puisent leurs renseignements à bonne source ! "C'est le Père Corbe qui me l'a dit...".

   Vous l'avez laissé dans un cercle d'admirateurs, analysant les données de Saint-Anselme lorsque vous revenez sa voix est plus ardente, un profane serait surpris d'apprendre qu'il parle de l'épicurien abbé de Grécourt. "Il est vrai, pensera le vulgaire, que nous n'avons pas quitté le domaine de l'apologétique".


   Son violon d'Ingres est le chant. C'est à ce titre, que, dans un but très louable de synthèse théologale et rationnelle, il n'hésite pas à prendre une part active aux chœurs qui braillent d'un timbre faux, mais convaincu, les strophes édifiantes du "kyrie des Moines" ou du "Père Dupanloup".

   Qu'on ne me fasse pas dire surtout que le R.P. Corbe n'est qu'un doux fumiste. C'est un philosophe. Un évolutionniste, déraciné de son milieu d'origine, qui a réalisé la meilleure forme d'adaptation au climat déprimant de la captivité. Il a tant fait pour nous, que son ange gardien saura certainement très facilement obtenir l'oubli de ces vétilles.
Pax hominibus bonae volontatis ..."
signé : Charles Patoz


Sources : documentation et retranscription de François Léger, que je remercie pour son concours. Compléments (photos, caricature) : archives PASCAUD.


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